Qui Sont Les Derviches Tourneurs en Turquie?

Les derviches tourneurs

« Derviches tourneurs » est le nom donné par les Européens aux adeptes de la confrérie des Mevlevi (mawlawiyya). Cet ordre de soufis a été créé par le fils du grand poète et mystique persan Jalal al-Din rûmi à Konya, en Turquie actuelle, au XIIIe siècle. Afin d’approcher le plus possible de la connaissance intime de Dieu, les fidèles se livrent, entre autres, à une cérémonie musicale et dansée appelée le sama. Celle-ci peut être individuelle ou collective, sous la direction du shaikh, ou maître spirituel de la confrérie. Dans ce cas, le sama a lieu après la prière, et commence toujours par la lecture d’un poème extrait du Masnavi de Roumi. 

De nombreux gestes et salutations rituels encadrent la danse proprement dite ; tous ont un sens spirituel. Par exemple, lorsque les danseurs tournent, la paume de leur main droite est orientée vers le ciel, indiquant que le danseur reçoit de Dieu, tandis que la gauche, orientée vers le sol, indique que le don de Dieu est restitué à la terre et au peuple.

Qui sont les derviches tourneurs?

Les derviches tourneurs sont des religieux musulmans, adeptes d’une pratique artistique mystique qui mêle la danse soufie et la méditation. Leur danse tournoyante est bien plus qu’une simple performance artistique. C’est un véritable voyage au centre de soi, une exploration fascinante du fonctionnement intérieur. Dans cet article, nous allons plonger dans l’univers des derviches tourneurs, en explorant les nouvelles perceptions qu’ils découvrent, le défi que représente l’apprentissage de cette compétence et les bénéfices qu’ils en retirent, tels que le sentiment de stabilité intérieure, la maîtrise des émotions et la révélation du “vrai moi”. Nous allons également aborder la discipline, la concentration et la profondeur de leurs expériences, ainsi que la recherche de la libération du corps et la pratique de l’acceptation au quotidien.

Ordre Mevlevi

L’ordre l’ordre des derviches Mevlevi ou Mawlawiyya (en turc Mevlevilik ou Mevleviyye) est un ordre musulman soufi fondé au xiiie siècle par Jalal al-Din Rumi à Konya dans le sultanat de Roum (dans l’actuelle Turquie). Ses membres sont souvent appelés « derviches tourneurs » en référence à leur danse appelée samā‘ (ou sema), dont les mouvements rappellent ceux d’une toupie.

Chefs Spirituels (Mevlana)

Les chefs spirituels, souvent appelés « Mevlana » en référence à Rûmî, occupent une position de leadership au sein de l’ordre mevlevi. Ils guident les membres de la communauté dans leur quête spirituelle, interprètent les enseignements soufis, et assurent la continuité des traditions.

Sens de la pauvreté

Il s’agit d’une « pauvreté spirituelle » (ar. faqr), prémisse à la connaissance de soi et aux mystères de l’Univers. Il convient de faire barrage à toutes les convoitises de l’ego et du monde, quelles que soient leurs formes, en vue d’une régénération spirituelle en prenant pour guide les meilleurs exemples que sont les prophètes, et en suivant la tarîqa comprise comme voie de préparation des capacités intellectuelles et spirituelles à percevoir d’autres dimensions que celles qui sont accessibles par les cinq sens.

Historique

L’ordre des Mevlevis a été fondé par Sultan Veled à la mort de son père Djelal-Eddine Roumi en 1273 ainsi que par Husammeddin Chelebi, qui inspira le Masnavi de Rumi6. Sultan Veled, comme son père, est connu pour sa poésie dont les paroles sont souvent chantées lors de la cérémonie Sema. Avec Husameddin Chelebi, ils ont construit le musée Mevlâna (en turc : Mevlânâ Müzesi), mausolée de Rumi situé à Konya, ville qui fait l’objet de pèlerinage pour de nombreux musulmans. Les successeurs de Rumi, incluant les deux constructeurs, ont également été enterrés là.

À la suite du mariage de Devlet Hatun, descendant de Sultan Veled, avec Bayezid I, l’ordre devint bien établit au sein de l’Empire Ottoman. Leur fils Mehmed I Celebi, sultan de 1413 à 1421, conféra de nombreux avantages à l’ordre Melvel, tout comme ses successeurs. Sous l’Empire Ottoman, l’ordre mevlevi s’est étendu aux Balkans, en Syrie, en Egypte, au Liban, en Palestine, et particulièrement à Jérusalem. Par exemple, l’écrivain bosnien Meša Selimović traite dans son livre Le Derviche et la mort de la vie d’un cheikh de l’ordre de Mevlevi à Sarajevo au XIXe siècle.

Histoire du mot

Le terme derviche est d’origine persane et désigne un mendiant. Ce sens est proche du mot d’origine arabe fakir, « pauvre »1. Le sens est à la fois matériel et spirituel. Ainsi, dans le Coran, Dieu rappelle aux hommes qu’ils sont pauvres (faqîr) face à Dieu qui lui est riche (ghanî): « Ô vous les hommes ! Vous êtes des pauvres devant Dieu. Dieu est celui qui se suffit à soi-même » (Sourate 35, Fâtir, v. 15 ; traduction Denise Masson). Le verset 24 de la sourate 28, Al-Qasas, présente une idée similaire : « (J’étais) nécessiteux [faqîr] du bien que Tu as fais descendre jusqu’à moi » (Traduction Maurice Gloton).

« Derviche » et « fakir » ont progressivement servi à désigner les membres de certaines confréries soufies, pratiquant ou non la mendicité, et aussi ceux qui vivent en permanence dans les khânqâh2. Le mot darviš est passé à l’arabe (دَرويش, darwīš) et au turc (derviş), et il ne désigne parfois que les membres de certaines confréries religieuses. Arrivé en Afrique du Nord, par exemple en kabyle « aderwic », le mot a fini par désigner le fou du village.

Tradition des derviches tourneurs

Outre la danse tournoyante, la tradition des derviches tourneurs est également marquée par la musique et la poésie. Les chants et les instruments de musique occupent une place centrale dans les rituels et les cérémonies. La musique traditionnelle turque, avec ses mélodies envoûtantes et ses rythmes captivants, accompagne les tournoiements des derviches, créant ainsi une atmosphère propice à la transcendance et à la contemplation.

La poésie est également un élément essentiel de la tradition des derviches tourneurs. Mevlana Jalal Al-Din Rumi, le fondateur de l’ordre, était lui-même un poète éminent, et ses écrits sont considérés comme une source d’inspiration spirituelle. Les poèmes de Rumi, empreints de sagesse et de beauté, sont souvent récités lors des cérémonies, ajoutant une dimension poétique et contemplative à l’expérience des derviches tourneurs.

Pourquoi les derviches tourneurs tournent-ils?

Les derviches tourneurs pratiquent la danse tournoyante, également connue sous le nom de « sama », pour des raisons spirituelles profondes liées à la tradition soufie. Voici quelques explications de pourquoi les derviches tourneurs tournent :

  • Quête de l’Union Divine
    La danse tournoyante est un moyen pour les derviches tourneurs d’atteindre un état d’extase mystique et de proximité avec Dieu. C’est une forme de méditation en mouvement visant à transcender le monde matériel et à se rapprocher du divin.
  • Symbole de l’Unité Cosmique
    Les mouvements circulaires des derviches tourneurs symbolisent l’harmonie de l’univers et la soumission à l’ordre divin. La rotation représente la rotation des planètes autour du soleil, soulignant l’idée de l’obéissance cosmique à la volonté divine.
  • Expression de la Dhikr
    La danse tournoyante est considérée comme une forme de dhikr, la remémoration de Dieu. Les derviches tourneurs répètent mentalement des noms divins ou des versets du Coran pendant leur rotation, créant une expérience méditative et une immersion spirituelle.
  • Élimination de l’Ego
    En tournant sur eux-mêmes, les derviches tourneurs cherchent à transcender l’ego et à se libérer des attachements terrestres. La rotation constante représente un renoncement symbolique au monde matériel et une ouverture à la réception des bénédictions divines.
  • Intégration de la Spiritualité dans le Corps
    La danse tournoyante permet d’intégrer la spiritualité dans le corps, faisant de chaque mouvement une expression physique de la quête spirituelle. Cette union du mouvement corporel avec la recherche intérieure crée une expérience holistique et profondément spirituelle.
  • Transmission des Enseignements Soufis
    La danse tournoyante des derviches est également un moyen de transmettre visuellement et symboliquement les enseignements soufis au public. Elle offre une fenêtre sur la richesse de la spiritualité soufie et attire l’attention sur les principes fondamentaux de l’amour, de la tolérance et de la quête de la vérité.

La danse des derviches tourneurs

– Je veux comprendre plus de détails sur cette danse!
La danse des derviches tourneurs, également connue sous le nom de « Sama, » est un spectacle mystique et spirituelle caractéristique des soufis mevlevis, une branche du soufisme fondée par Jalâl al-Dîn Muhammad Rûmî au XIIIe siècle. Cette danse tournoyante a une signification profonde et symbolique, visant à faciliter une connexion spirituelle avec le divin. Voici une explication détaillée de la danse des derviches tourneurs :

1) La Préparation
Avant de commencer la danse, les derviches tourneurs se préparent mentalement et spirituellement. Ils entament des prières, des récitations de versets coraniques, et des exercices de méditation pour se concentrer sur leur quête spirituelle.

2) La Tenue Traditionnelle
Les derviches tourneurs portent des tenues spécifiques qui ont une signification symbolique. Le « sikke » (chapeau rouge) représente la tombe, le « tennure » (robe) symbolise le linceul, et le « tennure » (manteau) représente la pierre tombale. Ces vêtements rappellent le détachement du monde matériel et la préparation spirituelle pour la mort.

3) La Rotation
La danse commence avec une rotation doucement, les bras croisés sur la poitrine. Les derviches tourneurs pivotent sur eux-mêmes de manière continue. La rotation symbolise le mouvement des planètes autour du soleil, exprimant la soumission cosmique à la volonté divine.

4) Les Mouvements Spécifiques
Les derviches tourneurs effectuent des mouvements spécifiques tout en tournant. Ils lèvent la main droite vers le ciel pour recevoir les bénédictions divines, tandis que la main gauche est dirigée vers le sol, transmettant ces bénédictions à la terre. Ce geste représente le canal spirituel entre le ciel et la terre.

5) La Quête Spirituelle
La danse tournoyante vise à transcender le monde matériel et à atteindre un état d’extase mystique. Le darwich tourneur considère cette danse comme une forme de dhikr, une remémoration constante de Dieu, permettant d’atteindre une proximité spirituelle plus profonde.

6) La Fin de la Danse
La danse se termine par une pause, symbolisant la résurrection spirituelle. Les derviches tourneurs croisent les bras sur la poitrine, indiquant le retour au service divin et la mission d’aider les autres dans leur quête spirituelle.

Derviche tourneur à Paris

En France, la présence des derviches tourneurs, en particulier ceux de l’ordre mevlevi, est notable. Les derviches tourneurs participent à des événements culturels, des festivals, des représentations artistiques et des rencontres interreligieuses pour partager leur pratique et sensibiliser le public à la richesse de la tradition soufie.

Les derviches tourneurs participent fréquemment à des événements culturels en France. Ces événements comprennent des festivals de musique, des expositions artistiques, et des conférences sur la spiritualité soufie. Ils contribuent ainsi à promouvoir la compréhension de la tradition soufie au sein de la société française.

Conclusion

En conclusion, les derviches tourneurs, héritiers de la tradition soufie, transcendent les frontières culturelles et spirituelles par leur danse tournoyante empreinte de symbolisme mystique. En quête de proximité divine, ils incarnent l’amour, la tolérance et la recherche spirituelle profonde. Leur présence en France et ailleurs témoigne de la vitalité d’une tradition millénaire qui continue d’inspirer et de captiver, offrant une fenêtre unique sur l’intersection de l’art, de la spiritualité et de la culture.

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